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L'homme
du jour.
Farhad Draya, le premier chant dans la cage
Jean-Claude Péclet
Mercredi 14 novembre 2001
Rubrique: temp fort
Ce n'était plus arrivé depuis cinq ans. Après
la prière du Coran, la radio de Kaboul a diffusé de
la musique. Pas n'importe laquelle: une composition de Farhad Darya,
immensément populaire et exilé depuis 1990 en Allemagne,
puis aux Etats-Unis. Entre liesse et pillages, son chant était,
mardi matin, celui de la liberté et de l'espoir
tenu dans la débandade talibane.
Quand
les Russes avaient été chassés d'Afghanistan,
un air radiodiffusé de Farhad Darya, déjà marquait
l'événement. Au téléphone de Washington,
la voix du chanteur est douce, inquiéte: "Ce qui s'est
passé hier est un grand honneur pour moi. Mais chaque fois
que nous sommes réjouis d'un changement, nous avons fait
de mauvaises expérienes. Ne commettons plus les mêmes
erreurs, nous les Afghans, et aussi ceux qui nous ont soutenus contre
les Russes avant de nous oublier."
Fils
d'un grand propriétaire terrien de la province de Kunduz,
Farhad Darya est rapidement devenu une star dans tout le pays. Ses
chansons conjuguent la poésie et la satire, mêlent
la tradition et les sonorités modernes. Ses concerts attirent
facilement dix mille personnes. "Mon existence est ma musique.
Je ne chante pas pour un groupe ou une idéologie, dit-il,
mais simplement pour mon peuple, tous les Afghans, mes fans comme
les blessés de guerre."
Exilé,
il a multiplié les concerts en Allemagne, en Australie et
aux Etats-Unis pour récolter des fonds en faveur des enfants
afghans. II a retadé la sortie de son dernier CD ...
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